
Cap sur l’avenir : les cars et bus hydrogène en première ligne
Face aux défis liés à la décarbonation des transports, la sobriété et la transition technologique s’imposent comme des priorités dans les politiques de mobilité des villes et des collectivités. Ainsi, la nécessité d’encourager une utilisation récurrente des transports en commun et de réduire les émissions de NOx (oxydes d’azote émises par la combustion des carburants fossiles), redéfinissent les solutions de déplacement durables. Parmi ces dernières, les cars et bus hydrogène se présentent, pour conjuguer efficacité et respect de l’environnement.
En janvier 2025, la France comptait déjà 52 bus hydrogène en service, et 222 en cours de déploiement. Avec plus de 540 unités annoncées pour les prochaines années (source : France Hydrogène Mobilité – 22 janvier 2025), une forte dynamique vers cette transition technologique est en marche. Grâce à leur fonctionnement sans émission de polluants et à leur capacité à couvrir de longues distances sans rechargements fréquents, ces véhicules apportent une réponse concrète aux défis du transport urbain.
Ne pas confondre : cars et bus hydrogène !
Un bus (ou autobus) est un véhicule de transport en commun conçu pour déplacer 20 à 100 passagers, incluant parfois des espaces pour personnes debout, ou à mobilité réduite. Il se déplace sur des trajets courts ou moyens, avec des arrêts fréquents à des points fixes. Il est déployé dans des zones urbaines ou périurbaines.
Les principaux constructeurs de bus hydrogène en Europe sont Solaris, Wrightbus, Caetano et Mercedes-Benz, avec des modèles de 12 et 18m. Leur spécificité est d’avoir un réservoir d’une pression de 350bar (contre 700bar pour les autocars), qui embarque entre 30 et 40kg d’ H2, pour une autonomie pouvant aller jusqu’à 600 km.
A l’inverse, un car est pensé pour des trajets interurbains ou longue distance, souvent pour relier différentes villes ou régions. Il effectue moins d’arrêts et propose donc des trajets plus directs. Le car est conçu pour transporter une cinquantaine de personnes équipées de ceinture de sécurité, ainsi que leurs bagages, rangés dans une soute. L’offre d’autocar hydrogène reste beaucoup moins mature que celle des bus, seuls quelques véhicules sont sur la route aujourd’hui, issus du rétrofit. Cela est dû à leur besoin en autonomie plus important et aux places limitées, pour y laisser de l’espace en soute.
En résumé, le bus effectue des trajets courts et fréquents en ville, tandis que le car est adapté pour des longues distances et les transports scolaires.
Neuf ou Retrofit : savez-vous faire la différence ?
Il existe 2 catégories de véhicule hydrogène sur le marché : les modèles neufs ou rétrofités.
Chacun présente ses avantages spécifiques selon les besoins des usagers. Les modèles neufs, offrent une conception optimisée pour l’hydrogène, avec une durée de vie maximale de l’ensemble des composants. Les modèles rétrofités, quant à eux, se basent sur un modèle économique circulaire, permettant de prolonger le cycle de vie des véhicules thermiques en remplaçant leurs composants. Ce qui diminue leur impact environnemental.
Comment fonctionnent les cars et bus hydrogène ?
Découvrez comment fonctionne ces véhicules hydrogène grâce à notre schéma explicatif ci-dessous.

- Le bus hydrogène s’avitaille à une station H2 (durée de recharge entre 10 et 20 minutes) de la même manière qu’un bus s’avitaillerait à une station thermique.
- L’hydrogène est stocké dans des réservoirs sous haute pression (350 ou 700bar), puis alimente la pile à combustible lorsque le bus H2 se met en marche.
- L’hydrogène et l’oxygène (O2) ambiant, réagissent ensemble au cœur de la pile à combustible, et vont produire de l’eau et de l’électricité.
- Cette électricité alimente le moteur électrique, qui assure l’entraînement des roues, et donc le déplacement du bus H2.
- En parallèle, l’énergie générée grâce au freinage régénératif (comme dans un véhicule électrique standard), est stockée dans la batterie.
- La batterie sert donc aussi de support au moteur électrique, en lui restituant l’électricité récupérée lors du freinage régénératif.
- Enfin, l’eau produite par la pile à combustible est la seule émission à l’échappement du bus, sous forme de vapeur.
Collectivités : pourquoi adopter les bus hydrogène pour une mobilité urbaine durable ?
Pour les riverains
Les bus hydrogène contribuent à l’amélioration de la qualité de vie en ville, puisqu’ils diminuent les effets de pollution atmosphérique et sonore. En effet, ces véhicules ne rejettent ni CO2, ni particule fine, ni odeur, ni toxicité. Cela contribue ainsi, à un air plus pur pour les habitants. Les véhicules hydrogène à pile à combustible intègrent un moteur électrique, qui en plus d’être silencieux, participe à la réduction de la pollution sonore
Enfin, la technologie hydrogène constitue une solution clé pour stabiliser les réseaux électriques. Grâce à sa capacité de stockage, elle permet de décorréler la production de l’énergie, de sa consommation, évitant ainsi les surcharges sur le réseau lors des pics de demande. Cette flexibilité réduit les risques de surtension et de coupures, garantissant une alimentation électrique continue pour les riverains. En intégrant l’hydrogène, les infrastructures électriques sont donc moins sollicitées, ce qui favorise un réseau plus fiable et un service de qualité pour les populations.
Pour les collectivités
En France, depuis 2022, les agglomérations de plus de 250 000 habitants sont dans l’obligation qu’un quart de leur flotte autobus soit zéro émission. Pour cela, les bus hydrogène qui rejettent seulement de la vapeur d’eau, constituent une solution pertinente.
Leurs réservoirs hydrogène garantissent une autonomie optimisée, permettant de couvrir efficacement les zones périurbaines et urbaines, y compris celles présentant un fort dénivelé ou des écarts de température marqués. Contrairement aux bus électriques à batterie, dont l’autonomie peut être fortement impactée par l’utilisation du chauffage en hiver ou de la climatisation en été, les bus hydrogène maintiennent leurs performances quelles que soient les conditions météorologiques.
De plus, leur batterie plus compacte libère de l’espace pour le transport des passagers, tout en étant mieux adaptée aux longues distances.
Enfin, leur temps de recharge rapide (entre 10 et 20 minutes) réduit le besoin en infrastructures de ravitaillement et optimise l’empreinte au sol, un atout essentiel dans des environnements contraints comme les dépôts de bus ou les plateformes aéroportuaires.
Pour les conducteurs
Les bus hydrogène allient confort, performance et efficacité, améliorant ainsi l’expérience de conduite. Silencieux et dépourvus de vibrations, ils réduisent la fatigue, et permettent donc de réaliser de longues distances de manière beaucoup plus confortable pour les conducteurs. Le temps de recharge rapide des réservoirs, garantit ainsi une rotation fluide et rapide, un avantage crucial pour les réseaux de transport exigeant des délais d’exécution serrés.
Tous à bord : les cars et bus hydrogène roulent déjà !
De nombreuses ville en France ont déjà fait le choix des cars et bus hydrogène pour moderniser leurs réseaux de transport. Ces projets illustrent leur potentiel pour transformer la mobilité urbaine :

Quelques exemples :
- HYPORT : La solution d’hydrogène renouvelable en région Occitanie
HyPort déploie des infrastructures d’hydrogène renouvelable en Occitanie. Fin 2023, HyPort a inauguré la première station européenne de production, stockage et distribution d’hydrogène vert en zone aéroportuaire à l’aéroport de Toulouse-Blagnac. Cette installation comprend un électrolyseur d’une capacité de production de plus de 400 kg d’hydrogène zéro carbone par jour, alimenté à 100 % en électricité renouvelable. La station dispose de deux bornes de recharge : l’une côté tarmac, destinée aux véhicules aéroportuaires et l’autre côté ville, accessible aux bus et autres véhicules légers. Cette infrastructure permet d’alimenter jusqu’à 20 bus H2 par jour, contribuant ainsi à la décarbonation des activités terrestres de l’aéroport et à la promotion de la mobilité durable dans la région.
- NOMAD CAR H2, le premier car rétrofité à avoir été homologué
Du côté des autocars hydrogène, on trouve le projet NOMAD CAR HYDROGENE, résultat de la stratégie innovante du Plan Normandie Hydrogène. Première mondiale, il a permis de rétrofiter un car diesel en véhicule hydrogène zéro émission, avec une autonomie de 450 km. Ce car circule depuis avril 2024 sur la ligne régulière Evreux-Rouen, concrétisant les avancées de la filière.

– AMETHyST : cars et bus hydrogène dans les Alpes
La CCPEVA a testée du 13 au 25 février des cars et bus hydrogène sur son territoire, en partenariat avec des acteurs clés comme Transdev, Lhyfe et GCK. Cette expérimentation visait à démontrer la pertinence de l’hydrogène vert pour le transport en montagne, où autonomie et puissance sont essentielles. Le projet s’inscrit dans une démarche de mobilité durable, soutenue par l’ADEME et le projet européen AMETHyST. Grâce à cette démonstration, les performances des véhicules à hydrogène seront évaluées en conditions réelles. Une avancée vers des transports publics décarbonés, adaptés aux défis des zones alpines.

L'hydrogène, clé d'un avenir durable pour nos villes
En conclusion, les bus hydrogène représentent une avancée majeure dans le domaine de la mobilité durable. En combinant zéro émission de particules, une autonomie prolongée et une rapidité de ravitaillement, ils se positionnent comme une solution idéale pour les collectivités souhaitant réduire leur impact environnemental.
En investissant dans cette technologie innovante, les villes et les collectivités locales contribuent à l’accélération de la transition énergétique et technologique, tout en offrant des transports en commun performants et durables à leurs habitants.